1083, c’est la distance en kilomètres qui sépare Menton (Alpes-Maritimes), et Porspoder (Finistère), les deux villes les plus éloignées de France. C’est aussi la distance maximale que parcourra un jean de la marque éponyme. 1083 est née, en 2013, de la volonté d’un homme au parcours atypique, Thomas Huriez. Nous l’avons interviewé rue de Turenne, à Paris, dans la boutique-atelier de la marque. On rencontre un homme calme, sobre, humble, mû par la mission de relocaliser l’industrie textile en France.
En 2007, Thomas quitte son métier d’informaticien – « pour ne pas passer sa vie à s’ennuyer », comme il dit. Il s’installe chez ses grands-parents, à Romans-sur-Isère, et ouvre sa boutique de mode éthique. Quelques années plus tard, voyant que ses fournisseurs ferment les uns après les autres, il décide de créer sa propre marque et de concentrer ses efforts sur une pièce universelle : le jean.
Le jean est aujourd’hui un des vêtements les plus polluants. Un jean peut parcourir 65,000 kilomètres (1,5x le tour de la Terre) du champ de coton à nos armoires. Les Français achètent 80 millions de jeans par an, soit plus d’1,3 jean par personne… Ce que Thomas constate : du coton, au fil, puis à la confection, les filières sont si complexes que les fabricants sont bien incapables de les tracer. Aujourd’hui, la route parcourue par un jean à 20€ d’une enseigne de fast fashion diffère peu de celle d’un Levi’s vendu 100€.
Convaincu qu’il y a quelque chose à faire pour réintroduire la toile de Nîmes (denim) en France, Thomas lance son projet sur une plateforme de financement participatif en 2013. Carton plein, qui ne se démentira pas dans les sept années qui vont suivre. De 2013 à aujourd’hui, l’entreprise est passée de 200 000€ à 8 millions de chiffre d’affaires et de 2 à 150 emplois. Elle est sans doute aujourd’hui l’une des marques de mode les plus engagées.
Mission relocalisation. L’objectif des jeans 1083 ? Créer de la valeur et des emplois en France et limiter leur empreinte écologique. Pour cela, le coton est bio et vient de Tanzanie, un des pays qui nécessite le moins d’irrigation artificielle. Le fil est ensuite tissé en France, dans l’usine de 1083 située dans les Vosges ou chez un partenaire dans la Loire. Le tissu est ensuite teint, découpé et confectionné en France. Pour aller plus loin et revaloriser l’image des métiers de la couture, Thomas a créé « l’école du jean », à Romans-sur-Isère.